Comment reconnaître un mensonge ?

Acte défensif pour certains, nécessité quotidienne pour d’autres, le mensonge n’est pas toujours synonyme de malveillance. 

D’ailleurs, la plupart du temps, on se prête à l’exercice pour bien vivre en société, ne pas heurter autrui ou rassurer un ami. Un petit mensonge blanc n’a jamais tué personne, n’est-ce pas ? 

En revanche, le mensonge peut rapidement devenir problématique au sein de nos relations interpersonnelles lorsqu’il sert une cause moins noble que le vivre ensemble. Ce genre de mensonge, plus pernicieux et malhonnête, altère les relations de confiance entre les gens et peut aller jusqu’à les détruire. 

Au-delà de savoir si mentir est moral ou non  – nous laissons ce sujet aux philosophes – comment déceler un menteur ? Comment reconnaître un mensonge ? À quels signaux prêter attention ? 

Qu’est-ce que le mensonge ?

Tout d’abord, on pourrait définir le mensonge comme une affirmation contraire à la vérité, destinée à tromper nos interlocuteurs. En outre, il s’agirait de déguiser la vérité afin de la rendre plus belle, moins rude ou encore tout simplement de la dissimuler complètement. 

Selon Paul Ekman, le mensonge se décline sous deux formes :

  1. Dissimuler : le fait de dire des choses fausses, de garder pour soi certaines informations dans le but de ne pas heurter, ne pas entrer en conflit, etc.
  2. Feindre : il s’agit à la fois de garder pour soi des informations vraies mais faire semblant et présentées comme vraies des fausses informations. 

Si la plupart du temps, les menteurs se contentent de dissimuler le fond de leur pensée, nombreux sont ceux ayant recours à la feinte pour s’en sortir. 

Tout comme nos émotions basiques (Joie, Peur, Colère, Dégoût, Tristesse, Surprise) le mensonge s’exprime à travers notre langage verbal et notre langage corporel. 

Et s’il n’est pas toujours chose aisée de deviner le mensonge à partir du discours d’un individu, son langage non verbal, lui, peut très vite le trahir.

Comment reconnaître un mensonge grâce aux expressions faciales ?

L’humain n’est pas spécialement doué pour inhiber ses expressions faciales et ses micro-expressions et pourtant, il ment quotidiennement. Hélas, c’est principalement nos mimiques faciales qui nous trahissent, le visage étant la partie la plus révélatrice d’une dissimulation ou d’une feinte. 

D’ailleurs, il contient en général un double message, à savoir ce que le menteur veut montrer et ce qu’il veut cacher. 

Voici les éléments auxquels prêter attention pour savoir si votre interlocuteur.ice ment ou pas : 

  • Les faux sourires : s’il s’agit d’un sourire authentique (ou sourire de Duchenne) des rides se forment à l’extérieur des yeux, les pommettes se soulèvent et les lèvres sont relevées et reculées avec les dents visibles ou non. 
  • Le clignement des yeux : celui-ci augmente quand les personnes ressentent une émotion.
  • La direction du regard : quand les personnes ressentent de la culpabilité ou de la honte, elles ont tendance à détourner le regard.
  • Les variations dans l’aspect de l’oeil : elles sont produites par les muscles qui entourent le globe oculaire. Cela modifie la forme des paupières, de l’iris, et la quantité de blanc de l’oeil, et avec cela, l’impression générale en regardant dans les yeux.

Pour rappel, les micro-expressions sont jugées authentiques car pas volontaires. Les expressions faciales, quant à elles, sont pour la plupart du temps feintes ou exagérées. Pour les distinguer, on se base sur leur durée : 

  • 0,25 à 0,5 seconde pour une micro-expression.
  • Plus d’1 seconde pour une expression faciale.

Comment détecter le mensonge avec la communication verbale et paraverbale ?

Le paraverbal

La communication paraverbale est une composante de la communication non verbale qui s’intéresse à la voix, au ton, à l’intonation et au rythme d’un discours. On exclut donc toute analyse sémantique de cette discipline. 

Prêter une oreille attentive aux éléments suivants peut vous aider à détecter le mensonge au cours d’un échange :  

  • Les caractéristiques de la voix : sa hauteur, son intensité, son timbre.
  • La vitesse d’élocution : le nombre de syllabes prononcées et à quelle vitesse.
  • La prosodie : le rythme, l’intonation, les pauses vides (respiration) ou pleines (hésitations) et les tics de langage. 
  • La prononciation : particularité individuelle ou collective (dialectes, accents, etc).

En situation de mensonge, les hésitations “pleines” (exprimées par le biais d’une interjection “euh” “heum”) seraient bien plus nombreuses en situation de mensonge car ce dernier exige un certain effort mental. 

Le verbal

Saviez-vous que les personnes qui mentent font d’autant plus attention à la justesse de leurs mots et s’évertuent à employer des termes précis ? A ce titre, elles investissent bien plus d’énergie dans cette mission et bien moins dans le reste. 

Lorsque l’on souhaite déceler le mensonge via la communication verbale, on se penche sur la stylométrie d’un individu, c’est-à-dire sa signature linguistique : 

  • Des mots préférentiels, ajustés selon certaines structures syntaxiques.
  • Des mots dits “outils”, des termes dont la charge sémantique est faible (donc, alors, sur, et).
  • Des expressions à charge sémantique forte, récurrentes et propres à l’individu (usage d’un certain champ lexical, propension aux métaphores, etc).

À savoir que la stylométrie est une signature langagière inconsciente et propre à chaque individu. 

Dans un contexte d’interrogatoire, on prête d’ailleurs plus d’attention à l’analyse langagière d’un point de vue statistique, notamment grâce à deux grilles d’analyse : la CBCA ou la PBCAT : 

  • Le CBCA (Criteria Based Content Analysis) : une grille dont le but est de faire émerger la quantité des détails (superflus, précis, etc) la qualité et la pertinence des informations (cohérence) ainsi que les aspects métalinguistiques d’un discours, à savoir les trous de mémoire, l’auto-correction, etc. 
  • Le PBCAT (Psychologically Based Credibility Assesment) : cette grille inclut les signes non verbaux comme la posture ou le début de parole et y associe les items du CBCA. 

De manière générale, gardez à l’esprit que le discours d’un menteur ou d’une menteuse est moins détaillé que celui d’un individu qui ne ment pas. 

Pour repérer facilement un menteur, tentez de le déstabiliser en demandant plus de détails sur les repères spatio-temporels de son discours et remettez en cause ses propos pour observer sa réaction.

Comment reconnaître un mensonge avec le langage corporel ?

Bien souvent, les menteurs exercent un contrôle plus prononcé sur leurs comportements physiques et leurs gestes afin de ne pas être démasqués. 

Mais l’effort cognitif déployé pour raconter un mensonge étant très important, ils en oublient bien vite d’apaiser leurs mouvements, qui peuvent trahir une certaine nervosité à l’idée de dissimuler la vérité. 

Voici quelques éléments pouvant vous aiguiller : 

  • Les changements de posture soudains (se redresser sur sa chaise, détourner la tête,etc) .
  • L’agitation et la nervosité (se balancer d’un pied sur l’autre, transpirer, fermer les poings, garder les mains dans ses poches).
  • Les gestes d’auto-contact (toucher ses mains, se gratter le bout du nez, se toucher le cou, les oreilles).

Attention toutefois, car certains profils de menteurs ont tendance à moins bouger et à montrer un langage corporel moins expressif.

Enfin, sachez que reconnaître un mensonge passe par la combinaison de l’analyse verbale et l’analyse non verbale. Ce n’est pas parce que vous observez quelques gestes d’anxiété ou d’évitement qu’un individu est forcément en train de vous mentir.

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