Selon les travaux d’Albert Mehrabian (1972), un psychologue iranien spécialiste du langage, seule 7% de notre communication serait verbale contre 93% non verbale.
D’ailleurs, il est facile de s’en rendre compte lors des entretiens d’embauche, un type d’échange où les enjeux sont de taille. En effet, le langage non verbal des candidats en dit souvent bien plus long sur leur état d’esprit et leur personnalité que leur discours.
Voici donc toutes les clés pour analyser le langage corporel en entretien d’embauche.
Qu’est-ce que le langage corporel ?
Le langage corporel ou langage non verbal désigne toute forme de communication excluant la parole dans les échanges. Elle comprend donc :
- Le langage corporel (posture, mouvements involontaires) ;
- Les gestes (soit les gestes communs comme le fait de hausser les épaules, etc) ;
- Les expressions faciales ;
- Le contact visuel (évitement du regard, contact visuel direct, etc) ;
- Les intonations ;
- La manière d’occuper l’espace ;
- Le toucher (notamment les poignées de main)
- L’apparence (dont l’habillement)
- Objets (que l’on arbore ou qui occupent notre espace de vie/de travail)
Il s’agit en quelque sorte de tous les petits signes non verbaux qui ponctuent vos échanges et les nuancent. Bien évidemment, ces postures, micro-expressions et autres gestuelles sont rarement conscientisées et peuvent avoir un sens différent selon la culture d’une personne.
En réalité, le langage corporel traduit tous les ressentis profonds au cours d’un échange. Et même s’ils paraissent parfois imperceptibles, ils en disent néanmoins très long sur l’état d’esprit d’un individu.
Pourquoi analyser le langage corporel en entretien ?
Connaître les signes de communication non verbale et savoir les décrypter est un atout majeur dans lors d’un entretien d’embauche.
Étudier le candidat
Tout d’abord, le langage non verbal d’un.e candidat.e en entretien peut en dire très long sur ses intentions, sa motivation et ses attentes.
Aussi, il peut être judicieux d’étudier les signes non verbaux perceptibles afin d’éviter les erreurs de casting. Bien entendu, il ne s’agit pas d’écarter une potentielle nouvelle recrue simplement parce que sa manière de s’exprimer est ponctuée de quelques gestes “parasites”.
Au contraire, chaque mimique, chaque geste d’auto-contact et chaque micro-expression peut être une excellente manière d’orienter la conversation et d’en savoir plus sur le ou la candidat.e.
En effet, il est aussi plus judicieux d’étudier les propos d’un.e candidat.e avec deux grilles d’analyse : celle du langage verbal et celle du langage corporel.
De fait, il sera possible de détecter les craintes, les non-dits, le manque de sincérité ou encore l’enthousiasme chez la potentielle future recrue.
Personnaliser l’entretien
S’il arrive parfois que les mêmes questions soient posées à tous les candidats, certains recruteurs apprécient individualiser leur entrevue.
Aussi, nous ne saurions que trop vous recommander d’adapter votre manière de mener l’entretien (si le langage corporel de la personne traduit le malaise ou l’inconfort) ainsi que votre discours.
En effet, le corps et la posture d’un.e candidat peut en dire beaucoup sur sa personnalité, bien qu’il s’agisse avant tout d’une piste à explorer et non pas d’un schéma définitif.
En tant que recruteur ou recruteuse, il vous incombe d’en faire une opportunité unique : celle de poser des questions ciblées et stratégiques pour vous rapprocher de la vérité. Le but est d’aller chercher en douceur des informations difficilement accessibles de prime abord.
À ce titre, il peut être judicieux d’adopter une communication non violente lors de l’entretien.
Pour conclure, gardez à l’esprit que l’analyse du non verbal seul ne suffit pas.
Ce n’est pas parce qu’un candidat lève les yeux qu’il vous ment. Les conclusions trop hâtives n’ont pas leur place lors de votre réflexion.
L’enjeu de la communication non verbale est justement de vous détacher des clichés et autres idées reçues.
Aussi, il convient de sortir hors du cadre social et culturel qui définit nos gestes et nos postures et plutôt vous servir de celles-ci comme des leviers. Posez les bonnes questions. Demandez plus de détails. Et rappelez-vous : le langage est complexe.
À quels éléments prêter attention lors de l’analyse du langage non verbal d’un candidat ?
Lors de l’analyse du comportement non verbal d’une potentielle nouvelle recrue, il s’agit avant tout de regarder les gestes des mains et des bras, les expressions faciales, la voix, mais également le mimétisme comportemental.
Les mains et les bras
Les mains et les bras sont les parties du corps les plus visibles lors d’un entretien d’embauche, ce qui vous permet de percevoir immédiatement leurs subtilités.
Aussi, vous serez aux premières loges pour déceler les gestes dits “barrières” (non, nous ne parlons pas de gestes de précaution face aux microbes !) qui, volontaires ou non, limitent grandement une interaction.
Ces gestes défensifs – comme le fait de croiser les bras ou de garder les mains sous la table peuvent traduire un désaccord avec vos propos, un mal-être ou encore de la timidité.
Dans la même veine, il convient de repérer les potentiels gestes parasites qui peuvent être :
- Les gestes d’auto-contact (toucher son visage, ses mains, ses bijoux, ses cheveux…) ;
- Grincer des dents ou claquer des dents ;
- Ronger ses ongles ou ses cuticules ;
- Serrer les poings ;
- Manipuler un objet ;
- Faire craquer les jointures de ses doigts ;
- Balancer ses jambes.
Rappelez-vous que certain.e.s candidats parlent beaucoup à l’aide des mains, ce qui ne doit pas être un motif de refus. En effet, cette manière de s’exprimer traduit souvent beaucoup d’enthousiasme et d’une certaine facilité d’expression.
Le visage
Tout d’abord, il convient de distinguer les micro-expressions des expressions faciales :
- Une micro-expression dure de 0,25 à 0,5 seconde : elle est fugace, voire presque imperceptible. Elle est très rarement maîtrisée par celui ou celle qui l’exprime et ne peut être simulée. En général, elle est plutôt gage d’honnêteté.
- Une expression dure plus d’1 seconde : elle peut être simulée et calculée, à l’image des fameux “sourires de circonstance” employés pour masquer un sentiment de gêne ou de mécontentement.
Selon les premiers travaux de Paul Ekman (1978), on distingue 7 micro-expressions fréquentes lors de nos interactions sociales : la joie, la tristesse, la colère, la peur, le mépris, la surprise ainsi que le dégoût.
Pour les déceler chez un.e candidat.e, il s’agira de prêter attention aux mouvements de la bouche, aux yeux et au regard, aux mouvements des sourcils ainsi qu’aux joues.
La voix
Lors d’un entretien d’embauche, le ou la candidat.e peut être intimidé par la situation, ce qui pourra sensiblement changer son intonation. Toutefois, il conviendra d’étudier les éléments suivants si vous souhaitez analyser son discours plus en profondeur :
- La gestion de sa respiration ;
- La hauteur du ton ;
- La variété des intonations et des rythmes ;
- L’articulation
- L’usage des silences
Encore une fois, nous vous conseillons de corréler vos observations au langage verbal de la potentielle recrue.
Le mimétisme corporel
Le mimétisme comportemental ou effet miroir peut être involontaire ou parfaitement maîtrisé par votre candidat.e.
Cette technique consiste à synchroniser ses mouvements avec ceux de la personne qui nous fait face afin de créer du lien. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’imiter l’interlocuteur.ice pour susciter sa sympathie et se connecter avec lui/elle.
Si vous savez sans doute comment en faire bon usage, sachez que certains candidats aussi ! Avec un peu d’entraînement et de concentration, vous saurez repérer ces tentatives et pourrez même y répondre.
Vous détenez désormais les clés principales pour analyser le langage corporel en entretien !
Gardez à l’esprit que le langage non verbal doit faire l’objet de toute votre attention, mais que la parole conserve tout de même sa valeur dans ce genre de situation. Aussi, prêtez une oreille attentive au discours de votre potentielle nouvelle recrue.
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